Concours de poésie 2022 : « La Nuit » – résultats

© Jean-Luc VANKERSSCHAVER
Vous nous avez emmenés « à cheval sur un rayon de lune » vers une nuit parfois, longue, lourde et dure pour les âmes sans abri. Vous avez coloré tantôt de bleu, de fauve, de noir ou de cristal cette nuit étoilée d’un Van Gogh nyctalope ou noctambule. Vous l’avez déclinée brune, claire ou douce et surtout blanche quand d’insomnies en insomnuits le sommeil se fait la malle sur « un cil de lune ». Vous nous avez gâtés avec ce thème nocturne joliment travaillé, pour lequel nous avons reçu quelque 80 textes de bonne tenue.

Notre jury, composé cette année de Christiane Giovale-Agabsi et Brigitte Bouderlique professeures de lettres, de Adrienne Dorsay, Patricia Bonnaud, Patrick Vilain auteurs et de moi-même, s’est réuni à la mi-octobre. Il a retenu 35 poèmes, terminant son conclave juste avant le crépuscule.

Si vous n’êtes pas retenu cette année, qu’à cela ne tienne, un nouveau concours verra le jour en 2023, n’hésitez pas à nous envoyer vos textes. Au plaisir de vous retrouver bientôt dans nos pages, ou pour ce prochain concours.

Pierre CRABIÉ

 

Poèmes longs

Ludovic Chaptal (Lozère) 1er prixAngélique Thiault-Brissac (Loir et Cher)
2ème prix
Edmond Largeau (Paris)
3ème prix ex-aequo
Marcellin Dallaire-Beaumont (Belgique)
3émeprix ex-aequo
Sylvie Paligot-Grimal (Oise)
Mention spéciale
Longue nuit
à ceux qui dorment dehors…

Longue nuit, lourde nuit, sourde nuit ! Aucun rêve
Ne vient rompre le froid qui s’enroule sur moi.
Qu’il semble loin l’instant où le soleil se lève !
Qu’il semble chaud le lit sous n’importe quel toit !

Sombre nuit, vile nuit ! Sous mon carton humide,
J’entends le gargouillis d’une bouche d’égout,
Ultime compagnie en ce monde trop vide
Où tout ne revêt plus qu’un éternel dégoût.

Pauvre nuit, dure nuit ! Entre deux portes closes,
Je voudrais déchirer le ciel d’obscurité
Comme un drap trop épais et voir, sublime chose,
Apparaître le bleu du jour et sa clarté !

Rude nuit, laide nuit ! Nuit immense et glacée
Tes étoiles ne sont que des flocons d’enfer
Qui tombent silencieux sur l’horrible chaussée
À travers la fenêtre ouverte de l’hiver.

Aux antipodes de la nuit

Bleue explosive, blanche sans sommeil,
Fauve érotique, sainte de Noël,
Des temps, du doute au fin croissant lunaire.

Noire, de cristal aux obscurs reflets
De centaines d’étoiles éteintes à tout jamais.
Des longs couteaux, dernier tombeau des nazis sanguinaires.

Claire, douce, enfante de l’union
Du soleil et de l’horizon,
Vos amours à la belle étoile

Aux orgasmes boréals
Épousent la lumière,
À l’ombre des nuits polaires.

Un lys à la nuit…

La nuit d’un cachet d’or a scellé le mystère
La lune translucide juste au-dessus de l’étang
Se lève et sa douce clarté magique répand
Comme le sang glacé d’une pâle chimère

Un occulte et profond silence enveloppe la terre
Qui se recueille au bord du solennel instant
Tel un blanc sarcophage, un banc de pierre attend
Le fantôme attardé dans l’immense parc solitaire

Où tout prend alors un aspect froid et surnaturel
Où les arbres millénaires, figés paraissent irréels
Une odeur âcre du buis flotte dans l’air nocturne

Et l’ange ténébreux qui s’approche sans bruit
Cueille secrètement en mon cœur taciturne
Un rêve pour l’offrir comme un lys à la nuit…

La nuit étoilée

Une nébuleuse tourne, tourne, enroule le ciel
tout part et revient, tout est pareil
le rouge-feu des coquelicots s’est éteint
les champs de blé ont perdu le soleil
pour les étoiles, il n’y aura pas de matin
je suis le fou, le démuni, l’esseulé.

Il y a encore des fenêtres éclairées
mais que font-ils donc encore debout
à cette heure de chiens hurlants, de voyous
les ténèbres trahissent, envahissent
c’est le hurlement lent, l’éternel chant
des journées qui raccourcissent
je suis le solitaire, l’inspiré, le dément.
Le cyprès malfaisant étend sa flamme noire
pourtant je suis vivant, moi, je suis ardent
et je veux être heureux.

(La Nuit étoilée,
asile de Saint-Rémy-de-Provence, juin 1889 )

Minuit sur tes yeux

Minuit glisse sur tes yeux,
Sa voile dilue le temps, s’aimante à l’impossible,
Offense la raison.
L’heure imprécise et floue glisse sur tes yeux,
Un chat velours, nuage d’encre, s’étire et baille,
Lumières canines, feulement d’ombre.

La nuit folie dans ton regard mène sa cavalcade,
La nuit soleil tournoie, l’ivresse a lancé ses manèges.
à l’envers des paupières, des trésors,
Poudre d’os, charbons bleutés, filon d’or,
Tout l’attirail des nuits et de leur profondeur.

L’heure du loup se nourrit du lait blanc des étoiles,
Ta nuit désaccordée, funambule des rêves
Hurle sa déraison.

Poèmes courts

Françoise Maurice(Var)
prix poèmes courts
Cécile Steiner (Hérault)
insomnie
face au cil de lune
ma solitude
Elle nous ravit toujours par ses haïkus illustrés

Ils ont été retenus pour le recueil-souvenir :

Yolande Belleau, Isère
Monique Besloin, Val d’Oise
Marc Bonetto, Bouches du Rhône
Monique Colombier, Aude
Serge Coutarel, Hérault
Marie Derley, Belgique
Pascal Descorsiers, Oise
Paul-Jean Fournier, Côtes d’Armor
Annie Fuselier, Côte d’Or
Delphine Guélou-Moal, Côtes d’Armor
Valérie Hillevouan, Paris
Sylviane Marcellet, Seine et Marne
Agnès Marin, Val de Marne
Caroline Moal, Val de Marne
François de Morel, Oise
Cristiane Ourliac, Seine Saint Denis
Brigitte Pelat, Hérault
Patrice Pichère, Oise
Jacques-Philippe Strobel, Rhône
Joëlle Teulat, Nord
Marie Christine Thellier, Pas de Calais
Françoise Urban-Menninger, Haut Rhin
Jean-Luc Vankersschaver, Oise
Jean-Claude Vankersschaver, Eure
Pierrette Vergneau, Oise
Dominique Zédet, Yvelines

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