extrait de « Paroles de brumes »  © Les Adex 2000
Franck COPPIN 
Il a gardé le teint des gens de son pays
doré comme le sable ou noir comme l’ébène
non pas pour avoir l’air de n’être pas d’ici
mais pour trouver la paix sans oublier la peine
de ceux qui sont restés.
Pour ceux qui sont restés, il apprend cette langue
qui se rit en secret de son drôle d’accent
qui souvent se méfie et parfois qui harangue
pour épandre son fiel au cœur du bien-pensant
qui ne pense plus guère.
Qui n’ose plus penser que, peut-être, là-bas,
on ne voit du soleil que son ombre. Et peut-être
on n’y sait du bonheur qu’un infini combat
sans gloire et sans vertu. L’on y voudrait dénaître
pour ne plus résister.
Pour ne plus s’étonner comme ici l’on s’étonne
qu’il ait gardé la voix des gens de son pays
qu’il s’évade souvent de nos brumes d’automne.
Mais il n’a pas choisi… Mais il est envahi…
d’une autre et même Terre.