extrait de « Entre deux rives »  © Les Adex 2003
Pierre Smée 

Homme de parole

Il hasarde son pas de funambule
parfois très haut parfois dans l’en-dessous
à l’aveugle mains tendues
et le vertige qui le prend ne le sauve de lui-même
ni des objets qui s’attachent à le perdre

mais le gouffre l’exile
aux confins d’un désert qu’il reconnaît pourtant
où des faux-semblants gisent les chiffres morts
que foule sans les voir le nomade l’autre frère

c’est ici qu’il se rend à lui-même
dans le consentement des sables et des pierres
que jaillissent le cri la parole fabuleuse
dans l’impérieuse étreinte de la lumière

et voilà qu’il vous manque soudain
comme en sa fuite la gazelle
choisit l’air invisible pour y perdre ses pas…